Bitcoin : Michael Saylor mise gros avec une nouvelle levée de fonds

MicroStrategy navigue tel un géant insatiable. Alors que bitcoin oscille autour des 96 000 dollars, la firme dirigée par Michael Saylor vient de dévoiler un nouveau coup d’éclat : une émission d’obligations convertibles de 2 milliards de dollars destinée à gonfler son trésor de bitcoin. Une stratégie audacieuse, presque provocatrice, qui interroge autant qu’elle fascine. Comment une entreprise traditionnelle s’est-elle muée en mastodonte de la crypto ? Et surtout, jusqu’où ira cette quête ?  

La mécanique infernale de Saylor : Des obligations pour dompter Bitcoin  

MicroStrategy, rebaptisée Strategy , ne mise plus sur des levées de fonds classiques. Son arme favorite ? Les obligations convertibles à 0 %, un instrument financier hybride qui séduit autant qu’il déroute.

Ces titres, échangeables en actions futures, permettent à l’entreprise de collecter des milliards sans intérêts immédiats. Une aubaine pour acheter du bitcoin, mais aussi un pari risqué : si le cours du bitcoin s’effondre, les détenteurs d’obligations pourraient exiger des actions à prix cassé, diluant la valeur de l’entreprise.  

La logique de Saylor repose sur une équation simple : emprunter à taux zéro, convertir la dette en capital si bitcoin grimpe, et répéter l’opération.

Depuis octobre 2023, Strategy a déjà injecté 21 milliards de dollars dans ce schéma, portant ses réserves à 478 740 BTC. Un chiffre vertigineux, équivalent à 2,3 % de l’offre totale de bitcoin. Pour certains, c’est du génie financier. Pour d’autres, une pyramide de dettes déguisée. 

Pourtant, le marché semble jouer le jeu. Les investisseurs ont même la possibilité d’acheter 300 millions de dollars supplémentaires d’obligations dans les cinq jours suivant l’émission.

Une confiance qui s’explique par la performance passée : malgré des pertes nettes de 670 millions de dollars au dernier trimestre 2023, l’action MSTR a bondi de 372 % en un an. Preuve que, dans l’ère crypto, les indicateurs traditionnels perdent parfois leur sens.  

Le paradoxe Strategy

Comment une entreprise affichant des pertes colossales devient-elle un must-have des portefeuilles ? La réponse tient en un mot : Le bitcoin.

Strategy incarne une nouvelle ère où la valeur se mesure en fonction des actifs numériques détenus, non des profits générés. En accumulant des bitcoins, Saylor transforme son entreprise en proxy indirect du bitcoin, attirant les investisseurs souhaitant s’exposer à la crypto sans la détenir directement.

Mais cette métamorphose n’est pas sans zones d’ombre. Les obligations émises arriveront à échéance en 2030, sauf conversion anticipée. D’ici là, Strategy devra assumer ses dettes… ou espérer que bitcoin aura atteint des sommets stratosphériques. En cas de krach, les détenteurs d’obligations pourraient exiger des remboursements en cash, plongeant l’entreprise dans un scénario cauchemardesque.  

Malgré tout, le modèle séduit. Douze États américains détiennent déjà 330 millions de dollars d’actions Strategy. Une adoption institutionnelle qui valide de facto la stratégie de Saylor, même si elle reste marginale.