Réserve stratégique de Bitcoin : Greg Abbott fait entrer le Texas dans l’histoire

Alors que le bitcoin divise encore les institutions, le Texas prend tout le monde de court. L’État adopte une réserve publique de Bitcoin. Cette décision affirme haut et fort son ambition de jouer un rôle central dans l’économie numérique de demain. Une initiative qui bouscule les codes classiques de la gestion des finances publiques et qui pourrait bien faire école.

Une décision audacieuse dans le paysage des actifs numériques

Le Texas vient de marquer l’histoire de la crypto en inscrivant le bitcoin au cœur même de sa stratégie financière. Samedi dernier, le gouverneur Greg Abbott a signé le projet de loi SB 21, officialisant la création d’une réserve stratégique de BTC . Ce geste ne relève pas d’un simple effet d’annonce : il place l’État dans une posture d’anticipation économique, à mi-chemin entre vision futuriste et instinct de préservation.

Contrairement aux précédents essais observés dans l’Arizona ou le New Hampshire , le Texas pousse la logique plus loin. Ici, le fonds est autonome, public et… complètement détaché du Trésor d’État. Une première. Géré par Glenn Hegar, contrôleur des comptes publics, ce fonds pourrait bientôt détenir plusieurs dizaines de millions de dollars en Bitcoin. Une allocation à la fois prudente et symbolique, orchestrée avec des critères d’investissement rigoureux.

Le sénateur Charles Schwertner, initiateur du texte de loi , résume l’état d’esprit texan : si l’État peut investir dans l’or ou les terres, pourquoi pas dans l’actif le plus performant de la dernière décennie ? Cette vision pragmatique et audacieuse tranche avec l’immobilisme réglementaire de nombreux autres États américains.

Bitcoin comme rempart économique ?

Au-delà du simple coup politique, le projet laisse entrevoir une mutation plus profonde : le bitcoin devient un instrument de souveraineté étatique. En contournant le Trésor public et en sanctuarisant la réserve via la loi HB 4488, le Texas se donne les moyens de construire une force de frappe monétaire indépendante.

Ce projet de loi protège explicitement les fonds, y compris les bitcoins, contre toute ponction budgétaire imprévue. Et ce, même si aucun satoshi n’a encore été acheté. Le message est clair : ce n’est pas une expérimentation éphémère, mais une stratégie de long terme, conçue pour durer, même en l’absence d’engagement immédiat sur les marchés.

Lee Bratcher, président du Texas Blockchain Council, prévoit des investissements initiaux dans la fourchette des dizaines de millions de dollars. Une somme relativement modeste à l’échelle d’un État comme le Texas, mais suffisante pour poser les bases d’une politique monétaire alternative.

Derrière cette initiative se cache une vision : celle d’un État capable de s’affranchir des règles monétaires classiques pour explorer de nouvelles formes de stabilité.

Une réserve aux implications géopolitiques

Ce virage texan pourrait bien faire école. En injectant du bitcoin dans sa stratégie de réserve, le Texas redéfinit les contours de la sécurité économique. À l’heure où l’inflation érode la valeur des monnaies fiat et où la défiance envers les institutions financières croît, ancrer une partie des réserves dans un actif décentralisé relève presque d’un acte de dissidence institutionnelle.

Mais attention : l’opération n’est pas sans risque. La volatilité légendaire du bitcoin pourrait fragiliser l’équilibre financier du fonds si elle n’est pas maîtrisée. C’est pourquoi le projet s’appuie sur des standards d’investissement rigoureux, confiés exclusivement à des professionnels. Pas question ici de jouer au trader avec l’argent public.

Le geste texan interpelle aussi sur le plan politique. Qu’un État choisisse de sanctuariser le bitcoin dans sa législation, sans même le mettre en avant dans ses communiqués officiels, en dit long. Il s’agit d’une stratégie de fond, d’une anticipation discrète, presque silencieuse, mais potentiellement bouleversante pour le modèle fédéral américain.

Avec cette réserve stratégique, le Texas ne se contente pas d’acheter du bitcoin. Il achète du temps, de l’indépendance, et peut-être un avenir différent, malgré l’avance de l’Europe sur la régulation .