La cryptomonnaie Monero est au cœur d’une polémique après qu’un ancien cofondateur d’IOTA a lancé une opération visant à centraliser son minage. Une attaque non technique, mais fondée sur les incitations économiques.
Qubic, une menace invisible mais stratégique
Depuis plusieurs semaines, Monero est la cible d’une opération de centralisation du hashrate orchestrée par Qubic , un projet dirigé par Sergey Ivancheglo, cofondateur d’IOTA. Contrairement aux attaques traditionnelles, il ne s’agit pas ici de failles techniques ou de piratage, mais d’un jeu d’incitations économiques : les mineurs Monero sont rémunérés en tokens QUBIC, pendant que le XMR extrait est vendu pour soutenir le prix de ce dernier. Cette stratégie vise un objectif clair : atteindre 51 % du hashrate de Monero pour contrôler la validation des blocs.
Une fois cette majorité atteinte, Qubic pourrait rejeter les blocs concurrents, retarder les transactions, ou même imposer des changements protocolaires unilatéraux. Un véritable “coup d’État” minier, qui rendrait Monero dépendant d’un seul acteur. Pour Ivancheglo, il ne s’agit pas d’un acte hostile, mais d’un test de résilience pour les blockchains PoW : “un jour, nous ferons tous face à une attaque malveillante”, a-t-il déclaré.
La réaction communautaire ne s’est pas fait attendre. Le hashrate de Qubic a chuté après la mobilisation de la communauté, mais la menace reste présente. Les développeurs de Monero ont activé un “mode sécurité”, recommandé l’usage de P2Pool (un pool décentralisé), et demandé aux exchanges de ne valider les transactions qu’après 13 confirmations. Cependant, ces mesures ne font que gagner du temps : le cœur du problème reste intact.
Une crise existentielle pour Monero… et le modèle Proof-of-Work
Cette attaque soulève une question fondamentale : la preuve de travail est-elle encore viable pour sécuriser les cryptomonnaies, surtout celles axées sur la vie privée ? Monero a longtemps reposé sur l’algorithme RandomX, censé favoriser la décentralisation via le minage CPU . Mais dans un contexte de faible utilisation (environ 30 000 transactions/jour) et de récompenses fixes, il devient facile d’acheter une majorité de hashrate pour quelques milliers de dollars par jour.
Certains membres de la communauté évoquent désormais un passage au Proof-of-Stake ou à un modèle hybride. Des projets comme Firo ou Zano ont déjà montré qu’il est possible d’allier confidentialité et staking grâce aux zero-knowledge proofs. Toutefois, cette transition serait périlleuse : elle risquerait de heurter les mineurs, diviser la communauté, voire provoquer un hard fork qui affaiblirait Monero sur le long terme.
4) Why is this dangerous?
— ddadybayo (@ddadybayo) July 27, 2025
– Qubic’s share of Monero’s hashrate is rising fast.
– At 51%, it could:
• Orphan blocks
• Reject transactions
• Delay confirmations
• Suppress competition
• Force protocol changes
They already advise: “Require 13 confirmations for XMR txs.” pic.twitter.com/ef7bW084ww
Le cas Monero montre que les attaques sur les blockchains évoluent. Désormais, il ne s’agit plus seulement de bugs ou de failles de sécurité, mais aussi d’attaques économiques basées sur les incitations. Pour Monero, comme pour d’autres réseaux Proof-of-Work, la question devient urgente : comment rester décentralisé quand le système peut être acheté à coups de récompenses ?
Morale de l’histoire : Ce ne sont plus les bugs qui tuent les blockchains, ce sont les bonus.